Vélo électrique : le Maillon met les watts
Le vélo électrique connaît en France un développement inédit. Pour rester dans la course, le Maillon Solidaire va proposer à ses adhérents d’électrifier leurs vélos. Un ancien VAE du Conseil Départemental nous a servi de prototype.
Pour rester un minimum en prise avec l’époque, il fallait bien sauter le pas. L’électrification de vélos devient un service que réclament les adhérents des ateliers participatifs. Les bénévoles du Maillon Solidaire y pensaient depuis un moment. Le coup de pouce est venu de l’IUT, qui nous a donné quatre anciens vélos électriques. Hors d’usage mais de bonne qualité, et arborant un look sympa, ce qui ne gâche rien. Ré-électrifier l’un de ces OvO (c’est leur marque), nous a semblé une bonne entrée en matière. Par la suite, nous proposerons à nos adhérents qui souhaitent installer un kit électrique sur un vélo de les accompagner dans le choix des composants et dans l’installation du kit.
Première étape : sélectionner un kit d’électrification de bonne qualité, à un prix contraint. Il ne nous a en effet pas semblé intéressant de proposer des kits d’électrification qui reviennent aussi cher qu’un VAE d’accès de gamme. Au terme de quelques heures de recherche, et de quelques dizaines de sites visités, notre choix s’est arrêté sur la société Yose Power. Du matériel chinois, bien entendu, mais expédié d’Allemagne où se trouvent aussi des humains susceptibles de nous répondre en cas de souci. Le budget reste raisonable puisque, selon le type de batterie, il faudra débourser entre 450 et 550 euros environ.
Le carton arrivé à l’atelier, restait à installer le kit. Rien de sorcier : le moteur est situé dans la roue arrière, qui vient tout simplement prendre la place de la roue d’origine du vélo. Il faut trouver un emplacement pour la batterie et le contrôleur et passer les cables. Dans le cas particulier des anciens vélos du Département, la batterie se loge dans un coffre spécifique dans le triangle du cadre. Dans la plupart des autres cas, la batterie se place soit sur le tube du cadre, à la place du porte bidon, soit dans un porte-bagage spécifique livré avec. Il faut compter deux à trois heures de travail pour installer et connecter les différents composants, puis une quinzaine de minutes pour paramétrer l’ensemble.
Notre prototype n’a encore que peu roulé, mais la première impression est très satisfaisante. L’assistance est efficace, le vélo n’est pas défiguré. Reste à parcourir quelques kilomètres pour juger dans la durée. L’un des bénévoles du Maillon Solidaire va s’en charger. Il se pourrait bien que l’engin arpente les pistes cyclables entre Belfort et Roppe ces prochains jours, entre les mains de l’un des bénévoles du Maillon Solidaire.
Le prototype : un OvO Beach
Le vélo qui nous sert de prototype a une histoire : il a fait partie d’une flotte de dix vélos électriques que le Conseil Départemental du Territoire de Belfort avait acquis au début des années 2000 pour servir de véhicules de service à ses agents. Une bonne idée arrivée un peu tôt sans doute : les vélos ont été peu utilisés.
En fin de vie, ils ont été dirigés vers l’IUT où ils ont servi de cobayes à des étudiants du département génie électrique et informatique industrielle qui se sont notamment penchés sur la partie électrique. Au terme de leur carrière à l’IUT, ils auraient probablement terminé à la ferraille si Vincent Hubert, l’un des enseignants n’avait eu l’excellente idée de contacter le Maillon Solidaire.
Pour satisfaire la curiosité des amateurs, on précisera que ces vélos étaient fabriqués à Ensisheim par la société JJG-Ovo à Ensisheim. Il s’agit du modèle Beach. Précurseur à l’époque, ces vélos à assistance électrique étaient dotés d’un moteur dans la roue arrière et d’une batterie Ni-Mh relativement performants mais d’un poids démesuré. La remotorisation effectuée à l’atelier du Maillon Solidaire a donné une nouvelle jeunesse au vélo, et lui a fait perdre quelques kilos…
Electrifier mon vélo au Maillon Solidaire : la procédure
Le Maillon Solidaire ne vendra jamais de vélos électrifiés. Selon son principe « à l’atelier du vélo, c’est toi le mécano », il mettra à la disposition de ses adhérents l’outillage nécéssaire et la compétence de ses bénévoles mais ne fera pas le montage à leur place.
Dans un premier temps, nous effectuerons avec l’adhérent un diagnostic du vélo sur lequel il souhaite installer un kit électrique. Presque tous les vélos peuvent être équipés d’une roue à moteur électrique, mais il existe quand même quelques contre indications. Le choix de l’emplacement de la batterie mérite aussi quelques instants de réflexion. Ce diagnostic fait, l’adhérent pourra commander son kit, sur le site que nous lui indiquerons ou sur un autre. Compte tenu du prix des kits, l’association n’en stockera pas et n’en revendra pas.
Lorsqu’il aura reçu ses pièces, l’adhérent viendra effectuer le montage à l’atelier. En principe, une séance d’atelier d’une demi-journée doit suffire à effectuer l’opération. Il est important de noter que la transformation d’un vélo traditionnel en vélo à assistance électrique se fait sous la responsabilité exclusive du propriétaire du vélo.
Dernière question, et pas la moindre : est-ce légal ? La réponse est oui si le kit respecte la réglementation européenne. Publié le 29 septembre 2020, un décret de la direction de l’information légale et administrative (qui dépend du Premier ministre) clarifie la situation. A telle enseigne que certaines municipalités subventionnent la conversion d’un vélo traditionnel en vélo à assistance électrique comme elles subventionnent l’achat d’un VAE. Ce n’est hélas pas le cas de la cité du Lion.